Pour rendre compte de leur sortie à la ferme, les collégiens ont laissé libre court à leur imagination en proposant différents types de textes « à la manière de… »
En voici plusieurs extraits :
À la manière d’un récit comique
Le Vendredi 5 Avril nous sommes allés visiter la ferme des Roussets. On se disait : « Wesh ta cru jvé aller ici, ta cru jvé graille des gumlé qui puent le chacal !?* » [*traduction « génial, nous allons faire une sortie à la ferme et pouvoir goûter de bon légumes biologiques ! ».
Nous arrivons dans un bled bien paumé, que même Dieu il connaît pas. Au premier abord, on voit des fermiers, ça pue, c’est vieux, pas de connexion, bref on a déjà envie de se sauver, mais bon : c’est légèrement obligatoire de rester.
Au tout début de la visite, on nous amène dans une pauvre pièce qui sent le mort pour nous expliquer le programme de la matinée :
1- “ si vous voulez il y a des toilettes sèches, vous pouvez les essayer” (Nan c’est bon je vais m’abstenir).
2- “groupe 1 la ferme et groupe 2 le potager” (OK cool)
3- “ à la fin de la visite vous pourrez goûter des produits de la ferme” (On est un peu jeunes pour mourir, non ?)
Au début nous sommes allés voir un jeune couple de fermiers, dans un hangar qui ressemblait à une taverne moyenâgeuse, pour leur poser des questions : rapide, efficace. Même si on aurait plus dit Clint Eastwood et sa bergère dans « Le Bon, la truite et le gluant ». Nous sommes ensuite allés voir la boulangerie en passant devant des ruches, donc on a eu le droit à des explications détaillées : un peu chiant mais il y a pire. On nous a présenté le boulanger, le seul truc que l’on a pu retenir c’est qu’il s’appelait Andy (comme dans Toy Story®). Nous avons visité le moulin, et là tout ce qu’on a observé, c’était les deux chats qui nous suivaient sans arrêt. Après cette visite nous avons pratiqué le “Débat mouvant “ : pour faire simple, il faut trouver le côté le plus au soleil – car il faisait plutôt frais. Cinq minutes plus tard, il est enfin l’heure d’échanger d’activité avec le deuxième groupe. Alors pour nous, go to the potager !
À peine partis, nous avons été suivis par le chien de la ferme, c’est lui qui nous a reboostés pour le reste de cette matinée ; il allait chercher absolument tout ce que nous lui lancions, et partout (un bon chien-chien, quoi). Cela nous a amusés pendant tout le trajet et la visite du potager, où l’on nous a expliqué comment les maraîchers s’occupent des cultures – encore heureux que ce chien était là, sinon c’était la mort, par putréfaction ou un truc dans le genre. Après 1000 ans d’attente et de souffrances, nous sommes sortis de ce potager et avons refait le même trajet avec le même chien – toujours aussi insistant.
Nous sommes allés rejoindre l’autre groupe, pour manger (ce que l’on attendait depuis quatre longues heures).
Puis ce fut le retour au collège.
Conclusion : il y a vraiment pire, comme vie.
Réalisé par Erwann et Luuna.
À la manière d’un discours politique
Mes très chers concitoyens, mes très chères concitoyennes,
Comme nous le savons tous, l’écologie est l’un des principaux défis de notre temps. Pétrole, charbon, minerais, eau, nous avons utilisé des ressources sans compter ! De nombreuses espèces disparaissent ! Nous nous empoisonnons avec des pesticides !
Nous ! Nous tous sommes responsables de ces catastrophes ! Le climat, les animaux, les sols : c’est à nous de les protéger. Ce « nous » c’est moi, c’est vous, mais ce sont surtout nos enfants ; la nouvelle génération.
Il est certes difficile pour des enfants ou des adolescents de comprendre les enjeux de cette bataille, et c’est là que nous devons intervenir. Il nous faut les sensibiliser à ce combat. Ce combat c’est le nôtre, mais ce sera aussi le leur, s’ils souhaitent pouvoir encore vivre sur cette terre, la terre de nos ancêtres ! Et il faudra qu’eux-mêmes informent les générations à venir.
C’est dans cette optique que le collège Raymond Guelen, à Pont-en-Royans, participe à un projet nommé « Regards croisés sur l’alimentation ». Un projet au cours duquel les 3èA ont choisi pour thématique l’agriculture biologique. Grâce à ce projet, les élèves communiquent avec un collège du Sénégal, et ont interrogé des personnes concernées par l’alimentation, biologique ou non : agriculteurs, boulanger, familles… Récemment, ces mêmes élèves sont allés à la ferme des Roussets, à St-Jean-en-Royans : une ferme locale produisant des légumes, du pain et du miel biologiques. Ainsi, ils ont appris comment fonctionnait l’agriculture paysanne, comment les maraîchers prévoient leurs plantations en fonction du moment des récoltes, comment les boulangers font le pain avec les céréales broyées par le moulin sur place, comment fonctionne une ruche… […]
Cette expérience leur sera utile et les a cultivés. Mais surtout, celle-ci les aura sensibilisés aux défis à relever tels que la répartition des aliments, la multiplication de fermes biologiques, la suppression des pesticides…
C’est pour cela que je m’engage personnellement à multiplier ce type d’expériences si vous m’élisez au conseil départemental ! Je pourrais, par exemple, organiser des sorties en nature avec un guide pour enseigner aux enfants des écoles maternelles à respecter l’environnement à leur échelle ; sensibiliser les collégiens en reproduisant ce genre de sortie à la ferme ou pousser à faire des débats entre lycées sur des thématiques tournées vers l’environnement…
Votez pour vos idées, votez pour l’avenir ! Pour notre avenir, celui de la planète, et celui de nos enfants !
Je vous remercie.
Réalisé par Lison
À la manière d’un récit d’aventures
Nous prîmes place dans le bus à 8h45, encore ensommeillés mais heureux d’échapper à l’ennui d’une matinée de cours soporifiques et répétitifs. Après un trajet sans accroc, nous débarquâmes à la ferme des Roussets, dans une cour battue par le vent et entourée de divers corps de fermes. Nous étions attendus par Marie-Jo, une grande femme dont les origines belges transparaissaient à la manière de parler, et Anthony, un maraîcher à l’air doux.
Nous fûmes entassés dans une ancienne fumière réaménagée dans laquelle ils nous mirent sournoisement à l’épreuve en nous ordonnant de noter nos idées préconçues sur la ferme à l’aide de microscopiques morceaux de papier et de stylos à bille récalcitrants. Nous y parvînmes héroïquement et fûmes ensuite sujets à de violentes dissensions sur la manière de cuire les œufs, qui aboutirent à la formation de deux groupes rivaux ; je me joignis à celui des œufs brouillés et durs.
Tandis que nous étions escortés par Marie-Jo au sourire tenace et la sévère Mme Durindel à travers la ferme, le second groupe se rendait avec le patient Anthony et Mme Coronel au pied agile pour une visite de la serre et des plantations. Un couple de maraîchers bourrus et néanmoins sympathiques nous expliqua le système des paniers de légumes ; on nous apprit également le fonctionnement d’un rucher sous l’œil inquisiteur du chat régnant sur les lieux. Nous visitâmes en outre la boulangerie et le moulin, plein, dit-on, de charançons voraces et teigneux. Pour finir nous confrontâmes nos opinions lors d’un débat mouvant, sur le thème de l’alimentation biologique : les arguments firent rage de part et d’autre des adultes présents, qui rétablirent à grand-peine la paix parmi les belligérants au regard farouche.
Les groupes furent ensuite intervertis et Anthony nous guida à travers les plantations en nous expliquant son métier de maraîcher – mais notre concentration fut mise à rude épreuve par les assauts incessants de Mickey, un chien entêté armé d’un bâton.
Enfin nous nous installâmes autour d’une table extérieure pour pique-niquer et déguster des produits de la ferme, en bavardant gaiment, harassés mais enfin détendus, avant l’arrivée du bus cahotant et brinquebalant qui nous ramena, miraculeusement sains et saufs, jusqu’au collège.
Réalisé par Tao.